23 mai 2025

Voyager 1 sauvée par ses moteurs, éteints depuis 20 ans

La sonde Voyager 1, le plus lointain engin spatial encore en fonctionnement, a bien failli mourir. Mais en mars 2025, les ingénieurs de la Nasa ont tenté et réussi une manœuvre audacieuse pour prolonger sa mission : allumer des propulseurs qui n’avaient pas fonctionné depuis deux décennies…
C’était maintenant ou peut-être jamais. Le 20 mars 2025, les ingénieurs de la Nasa ont eu une décision à prendre. Faute de quoi, ils risquaient de perdre le plus lointain vaisseau spatial encore en activité, Voyager 1. Après 48 ans passés dans l’espace, la sonde qui s’éloigne à 56000 km/h est plus que vieillissante. Et pour la sauver, il ne restait qu’une solution : allumer des propulseurs hors service depuis 20 ans…

Risque d’explosion à l’allumage

Éteints depuis 2004, les propulseurs principaux de Voyager 1 étaient en effet considérés comme inutilisables. La cause : un problème technique a contraint à mettre hors ligne les deux chauffages des propulseurs. Or, ces chauffages sont nécessaires en principe à l’allumage des moteurs. Sans eux, ces derniers peuvent exploser lors de la mise à feu. Les ingénieurs ont donc pris le risque d’allumer les propulseurs sans les chauffages. Et cela a fonctionné !

L’intervention était justifiée. Depuis la mise à l’arrêt des moteurs principaux, la Nasa n’utilisait plus pour orienter la sonde que les réacteurs de secours. Or, à force d’être sollicités, ceux-ci menaçaient de tomber en panne en raison de nombreux résidus de carburant accumulés dans leurs tuyaux. Initialement, les propulseurs de secours alternaient leur fonctionnement avec les propulseurs principaux, afin de répartir proportionnellement l’usure. Mais cette fois, il fallait tenter quelque chose.

Conserver l’orientation vitale de la sonde

Si rien n’avait été fait, l’orientation de la sonde aurait dérivé peu à peu, induisant une modification de la direction de l’antenne. Pointée vers la Terre, cette antenne parabolique de 3,7 m de diamètre permet au vaisseau spatial de communiquer avec sa planète d’origine. L’incident aurait donc rompu toute liaison, ce qui aurait signé la fin de Voyager 1, l’exploratrice de Jupiter et de Saturne au tournant des années 1980.

La remise en route des propulseurs principaux a nécessité l’envoi par radio d’un programme informatique au vaisseau. Voyager 1 l’a reçu 23 heures plus tard, un délai lié à la distance de 25 milliards de kilomètres entre la Terre et la sonde. En d’autres termes, Voyager 1 se trouve presque à 1 jour-lumière de la Terre.

Une sonde quinquagénaire qui accumule les problèmes

Ce n’est pas la première fois que Voyager 1 fait parler d’elle pour des problèmes techniques. Le premier décembre 2017, ses moteurs de correction de trajectoire avaient été rallumés après 37 ans d’inactivité, déjà pour éviter d’allumer les propulseurs principaux dépourvus de chauffage. En 2023, les messages envoyés par la sonde étaient devenus incompréhensibles à la suite d’un problème informatique qui a été résolu en avril 2024.

Pour pimenter le tout, l’antenne qui, sur Terre, communique avec les sondes Voyager 1 et 2, devait être en travaux après le 4 mai 2025 pendant plusieurs mois, ce qui aurait rendu impossible toute communication. L’intervention devait donc avoir lieu avant… Si tout va bien, le vaisseau soufflera ses 50 bougies dans l’espace en septembre 2027.

Louis Béranger, Publié le 22 mai 2025, Modifié le 22 mai 2025 (c) Ciel & Espace