04 novembre 2023

L’Europe spatiale à la recherche d’une sortie de crise

Les vingt-deux Etats membres de l’Agence spatiale européenne se retrouvent, lundi 6 novembre à Séville, pour tenter de trouver un compromis entre les positions allemande et française, et garantir financièrement l’exploitation d’Ariane-6.
Le 2 décembre 2014, les Européens décidèrent de concevoir Ariane-6, une fusée capable de concurrencer les Falcon 9 de la société SpaceX d'Elon Musk, pour un lancement dès juillet 2020, objectif qui n'a pas été tenu. 
SpaceX domine aujourd'hui le marché des lanceurs spatiaux, et l’Europe n'a plus d’accès à l’espace : la dernière Ariane-5 a décollé en juillet et Ariane-6 n'est toujours pas prête, accusant plus de 9 ans de retard. 
Le pire est advenu avec l'échec du lancement de la nouvelle fusée italienne Vega-C dont les vols sont suspendus, alors le précédent lanceur, la petite fusée Vega, a procédé à son dernier lancement en octobre 2023. 
Enfin L’Allemagne, un des principaux partenaires de l'ESA avec la France et l'Italie, a lancé son propre programme de construction de lanceurs spatiaux, concurrençant de facto Ariane-6 et Vega-C et menaçant de ne plus contribuer au programme Ariane-6.
Pour l’heure, l’Europe devra avoir recours aux lanceurs américains pour ses missions spatiales, après que la Guerre russo-ukrainienne a clôturé les négociations et transactions commerciales spatiales entre l’Europe et la Russie. En effet, l’Union européenne vient notamment de signer un contrat d’ampleur avec SpaceX pour que la fusée Falcon 9 lance les satellites européens Galileo.
Les représentants des vingt-deux pays membres de l’ESA se réunissent le lundi 6 novembre 2023 à Séville (Espagne) lors du Space Summit : l'avenir de l'Europe spatiale est en jeu.

Le patron du CNES s'exprime les retards d'Ariane 6
Le directeur de l'agence spatiale française CNES, Philippe Baptiste, met en cause la gouvernance de l'ESA et la "règle de retour géographique" comme les principales raisons pour lesquelles le développement d'Ariane 6 n'a pas été fait dans le respect des délais et coûts prévus.
Dans une interview accordée au média Les Echos, M. Baptiste a affirmé que même si la société ArianeGroup s'était vue confier un rôle plus important dans le développement d'Ariane 6, elle n'avait pas reçu « l'autonomie et les responsabilités nécessaires ».
Lire l'article sur le site d'European Spaceflight

Tribune libre : le "retour industriel" dans les programmes de l’ESA. Vertus, limites, évolution.
Didier Faivre, ancien directeur du Centre Spatial Guyanais et ex-directeur de Galileo à l’ESA, et Bertrand de Montluc, ancien directeur des affaires internationales du CNES, estiment que les évolutions nécessaires de la règle du "retour", très critiquée aujourd’hui, doivent préserver "l’aller" à savoir les financements publics nationaux mutualisés au sein de l’ESA (source principale de financement du secteur spatial), et la garantie du maintien de l’autonomie de l’Europe.
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